Sunday, December 23, 2007

La Princesse du Japon et son Esclave



Les vies seraient infinies, et s'enchaîneraient, mi-continues, mi-discontinues.
A leur tour, les ponts de la mémoire seraient faibles mais capables de tisser des courants sous-marins entre le passé et le futur. Le temps naîtrait donc des émotions fortes qui dessinent les paysages où l'on habite, surtout le désir et la peur.
Elle est persuadée d'avoir été Princesse.
Elle ressent cette certitude dans tout son corps, ou presque.
Je vous expliquerai davantage, du point de vue de l'esclave.
Elle lui dicta un soir: dans une vie à venir je ne serai plus Princesse. Je serai une femme à la recherche de son histoire au milieu d'une ville excessivement réelle.
L'esclave connaissait l'art du massage spirituel et il rédigea des textes anonymes sur le corps de la Princesse pour toujours. C'est cela qu'elle lit et relit en étudiant sa nudité chaque jour. L'esclave lancea donc une unité pour toujours, l'unité d'une peau, le système d'une sensibilité. Peut-être. Puisqu'il l'aima et voulut qu'elle ne fut plus Princesse ni Mémoire de Princesse. Ainsi, les textes sont confus, ils manient les paradoxes, les images à sens et contre-sens. Elle ne saura jamais si elle croit ou si elle doute. Certes, la caligraphie désigne la main tremblante d'un esclave amoureux et tout esclave appartient à une Maîtresse, mais il pourrait avoir rédigé sur le corps d'une fille d'esclave ou d'une fille de roi. Et les textes nourissent l'équivoque.

1 comment:

Lune said...

This is my favorite one of your entries, of course. It starts out very gently setting up the scenery, but then...the suspense, mystery and emotional torture at the end. I was so certain of my past. Now I am no longer certain, if I were once a Princess...May be I'll have to live with the fact that I may or may never find out for sure...Not, I will find out...